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jeudi 7 février 2008

Nouvelle fiction

Extrait d'une nouvelle de science-fiction en construction....

"Ses doigts s’agitent dans le vide. Une profonde fatigue l’enrobe toute entière. En son sommeil tourmenté, Zélie explore un monde qu’elle ne comprend pas. Des couleurs irisées l’éblouissent. Des sons distortionnés la déconcertent. Elle cherche des repères dans cet univers inconnu. Elle n’en trouve point. Elle sombre. D'étranges créatures auscultent son corps. Une sourde frayeur s’empare de ses sens. Zélie cherche le contact de son homme. Elle se tourne et se retourne, elle le cherche, elle s’étonne de cette absence sans arriver à franchir la frontière du réveil. Elle frissonne de la tête aux pieds. Elle a froid. Trop fatiguée pour s’inquiéter davantage, elle se laisse bercer par ce vrombissement qui l’assoupit inexorablement. Le temps se fige. Elle dérive.

Elle sent pointer ses mamelons durcis. Elle sent monter le lait en ses seins gonflés. Une douleur lui vrille la poitrine. D’un coup, l’impression de se faire téter lui parcoure la chair. Elle se cambre, elle résiste, elle essaie de repousser cette bouche frigide. Elle n’arrive pas à se réveiller. Son esprit se débat mais son corps ne répond plus. Sa volonté fond comme neige au soleil. La fatigue, tentaculaire, l'emporte. Elle n’a plus la force de se débattre. Trop épuisée pour batailler, elle imagine que son homme a pris le petit affamé. Elle plonge encore plus profondément dans cet incompréhensible songe. Il l’aura emmené dans leur lit pour qu’elle puisse l’allaiter sans bouger. Elle est si fatiguée. Elle se rassure. Elle en appelle à sa raison. Elle se détend. Toujours ce même vrombissement pour bercer ces sensations étranges qu’elle n’arrive pas à déchiffrer. Elle essaie de décrypter ce qu’elle ressent sans y parvenir. Elle s'inquiète. Sa peau nue se couvre de frissons.

Le rêve tourne au cauchemar. Elle ne sent pas le contact de la douce chair de son enfant. Elle ne ressent pas la chaleur de sa bouche gloutonne. Ce qui la tète est plus vorace. Tout lui semble gelé. Elle a si froid. Elle essaie d’ouvrir les yeux. Elle cherche à transpercer ce voile d’épuisement qui l’emprisonne. Elle n’y arrive pas. C’est trop difficile. Elle est paralysée. Elle se laisse bercer par une multitude de couleurs éblouissantes. Ce rêve est de plus en plus étrange. Elle respire bruyamment. Elle grelote. Elle a peur. Elle puise dans toute sa volonté pour ouvrir un œil. Elle force ses paupières, soudainement elle réalise que celles-ci sont collées par une étrange substance. Une sensation gluante agresse ses sens. Elle hoquette. Un goût amer s’introduit dan sa bouche. Elle essaie de bouger sa main mais son poing reste bloqué. Elle tire. Elle force. Zélie sent quelque chose la retenir mais elle n’arrive pas à en déterminer l’origine. Tout son corps est englué dans une matière visqueuse. Elle se concentre sur cette chose glacée qui lui aspire les mamelons. Elle est convaincue que ce n’est pas son enfant qui la tète de cette façon, si froidement, si machinalement. Elle réalise que ses deux seins se font pomper en même temps. Elle sent le lait se vider de ses seins. Toutes ces réalisations concrètes bloquent le liquide nacré que produit sa chair maternelle. L’angoisse étreint son ventre mou. Ainsi dénudée, elle se sent violée au plus profond d’elle-même. Aucun objet ne la pénètre, pourtant l’humiliation ressentie lui est insupportable. Elle rage. Les succions diminuent à mesure que son lait se tarit. Elle a faim. Elle soupire."

1 commentaire:

Anouchka, sirène d'eau salée a dit…

C'est un peu une autofiction morbide avec le tirage de lait... Est-ce que ce sont tes seins vidés qui s'expriment à travers toi?

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Journaliste. Traductrice, Auteure. Photographe. Geekette. "Roadie" à ses heures. Dino-blogueuse qui surfe l'infernale Toile depuis ses balbutiements du siècle dernier. Se souvient de la préhistoire numérique... Maman passionnée d'une fillette au prénom ensoleillé...